Jacques Bouveresse, Le philosophe, les médias et les intellectuels (Entretien avec Jacques Bouveresse), Agone, n°41/42, 2009, p.227.
"Le 15 septembre 2008 ouvre l'ère du soupçon sur la fiabilité des banques." 1
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"Si peu avancée que puisse être encore notre science de l'histoire, il est un fait qui domine toute l'époque contemporaine et forme la caractéristique essentielle de notre âge : la toute-puissance de l'argent. Pas un rustre perdu en un village écarté qui ne connaisse le nom d'un potentat de la fortune commandant aux rois et aux princes ; pas un qui ne le conçoive sous la forme d'un dieu dictant ses volontés au monde entier. Et certes, le paysan naïf ne se trompe guère. Ne voyons-nous pas quelques banquiers chrétiens et juifs se donner le plaisir délicat de tenir en laisse les six grandes puissances, de faire manœuvrer les ambassadeurs et les rois, de signifier aux cours d'Europe les notes qu'ils rédigent sur leurs comptoirs ? Cachés au fond de leurs loges, ils font représenter pour eux une immense comédie dont les peuples mêmes sont les acteurs et qu'animent gaiement des bombardements et des batailles : beaucoup de sang se mêle à la fête. Maintenant ils ont la satisfaction de tenir leurs officines dans les cabinets des ministres, dans les secrètes chambres des rois et de diriger à leur guise la politique des États pour le besoin de leur commerce. De par le nouveau droit public européen, ils ont affermé la Grèce, la Turquie, la Perse, ils ont abonné la Chine à leurs emprunts, et ils se préparent à prendre à bail tous les autres États, petits et grands. « Princes ne sont et rois ne daignent », mais ils tiennent en main la monnaie symbolique devant laquelle le monde est prosterné." 2
1. Un médiocre gratte-papier du journal le Monde, Il y a un an, la chute de Lehman Brothers. Un dénommé Antoine Reverchon. Revercher signifie d'ailleurs boucher les trous, réparer les défauts.
2. Elisé Reclus, L'évolution, la révolution et l'idéal anarchique, 1902.
Illustrations: Daumier Honoré, Célébrités du Juste Milieu (Antoine Odier (1766-1853), banquier, député et pair de France, Benjamin Delessert (1773-1847), industriel, député, régent de la Banque de France, Jacques Lefevre (1773-1856), banquier, député, régent de la Banque de France), Musée d'Orsay, Paris.
"Un homme, un discours. La clef du succès de Nicolas Sarkozy réside enfin, et surtout, dans l'adéquation parfaite entre le parcours individuel du candidat et les propos qu'il tient. La success story qu'il raconte aux Français a le mérite de se dérouler sous leurs yeux. Elle contient sa part obligée de rêve mais est en même temps crédible parce que réelle. Elle participe à la réhabilitation du politique, après des années de scepticisme. On retrouve, là encore, la dimension de l'entrepreneur dont la réussite parle pour lui-même."1
"Et si après l’avoir trop vu, trop entendu, on lui reprochait d’être devenu trop discret ? Depuis le lendemain des élections municipales, le pays ne souffre plus d’un trop-plein mais d’un déficit de Sarkozy. Le verbe présidentiel manque au pays."2
"Réformer la France, est-ce possible ? (...). S’il est un candidat qui s’était employé à produire des idées nouvelles, à analyser les erreurs de son camp, à théoriser une méthode de réforme en rupture avec celles du passé et à promettre que plus rien ne serait comme avant, c’est bien Nicolas Sarkozy."3
"Car, s’il est une certitude, c’est que ce président-là n’est pas un résigné. Il a encore quatre ans pour agir. Il veut rester dans l’histoire comme celui qui aura le plus réformé la France parce que, dit-il, dans la mondialisation « la place n’est garantie pour personne ». « Bouger ou mourir », telle est sa devise..."4
"De retour de congés, j’ai découvert avec étonnement que je figurais sur la liste de la promotion du 1er janvier de la Légion d’honneur. Rien, dans mon parcours professionnel, ne justifie pareille distinction. Je pense en outre que, pour exercer librement sa fonction, un journaliste politique doit rester à l’écart des honneurs. Pour ces raisons, je me vois dans l’obligation de refuser cette distinction..."5
1. Françoise Fressoz, Le 6 mai 2007 : les ressorts d'une rupture, Les Echos, 24 décembre 2007.
2. Françoise Fressoz, Le président trop discre, Les Echos, 11 avril 2008.
3. Françoise Fressoz, Le devoir de vérité, Les échos, 25 avril 2008.
4. Françoise Fressoz, Réformes : la martingale reste à trouver, Les Echos, 21 avril 2008.
5. Françoise Fressoz et Marie-Eve Malouines refusent la légion d'honneur, Libération, 5 janvier 2009.
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propos des récentes manifestations d'étudiants, Alain Finkielkraut considère que « c'est un mouvement odieux parce qu'on entre en politique par la voie de l'intimidation et de la manipulation1 ». Irruption qui ne serait absolument détestable que si elle permettait d'espérer qu'on puisse en sortir.
Duel sur la 3, France 2, 11 novembre 2007.
e Arnaud Lagardère, socratique: "L'Etat savait ce que je savais, et ce que je ne savais pas l'Etat ne pouvait pas le savoir1". Encore eût-il fallu qu'il le sût ce retard?
Selon Arnaud Lagardère : "l'Etat savait ce que je savais", Le Monde, 26 octobre 2007.
révenant, l'ancien Premier Ministre Dominique de Villepin a fait parvenir au juge d'instruction une note de 19 pages, la veille de son audition dans le cadre de l'affaire Clearstream, où il n'hésite plus à préciser le rôle de l'ancien Président de la République Jacques Chirac. Même si ce dernier selon lui aurait été au courant dès le début de l'affaire, il précise que « le souci commun du président de la République et du gouvernement était d’être irréprochables quant aux actions engagées 1» ajoutant que « le choix était d’autant plus complexe que la situation était confuse.» Et c'est parce que la situation est devenue trop complexe que certains choix sont apparus confus?
1. Clearstream: Villepin mouille Chirac et accuse Sarkozy, Libération, 11 octobre 2007.
A propos de la réforme des institutions, qui nécessite qu'elle soit ratifiée par les trois cinquièmes des députés et sénateurs - et donc par ceux du Modem et/ou du Parti socialiste - Jack Lang, interrogé par le Figaro1, a estimé qu'il était "normal que les partis politiques fassent entendre leur voix particulière", concédant qu'ils auraient en définitive, par leur vote, "le dernier mot". Curieusement, même s'il considère que "deux tabous ne pourront être levés", celui concernant le "régime présidentiel" et la "proportionnelle", il semble en omettre un essentiel, sans doute par pudeur, celui postulant l'harmonie préétablie entre le peuple et ses représentants. Qu'une histoire récente ait vu par plus de 55% des français rejeter un traité qu'une large majorité de députés aurait avalisé, ne lui interdit pas avec son indécence et son cynisme routiniers, et qu'une actualité prochaine risque de consacrer2, de déclarer: « Il faut une large adhésion pour que la réforme soit profondément acceptée par le pays.»
1. Lang : "Les gouvernements de coalition ne sont pas une anomalie", Le Figaro, 7 octobre 2007.
2. Concernant son avenir possible au gouvernement, Jack Lang a démenti avoir déclaré que "s'il y a un sujet qui touche à mes compétences, sur le droit, l'international, la culture l'éducation, je peux rendre service. Je n'ai aucune raison de dire non si cela est fait dans des conditions de transparence." La dénégation ne paraît plus être un sujet tabou.